Ce que dit Maria Montessori des yeux des tout petits

Pour Maria Montessori, l’une des premières femmes diplômées en médecine d’Italie, et dont la méthode a fait date, l’environnement constitue un enjeu clé dans le développement de l’enfant. Il s’agirait en effet selon elle de la « base centrale de toute construction pédagogique »*, surtout entre 0 et 3 ans.

Et pour cause, selon ses termes, l’enfant traverse alors des phases de développement décisives, précisément du fait de son goût pour son environnement : « Cette poussée irrésistible, qui unit l’enfant aux choses pendant les périodes sensibles est bien un amour de l’ambiance. Ce n’est pas l’amour au sens où on l’emploie communément pour exprimer un sentiment émotif mais c’est un amour de l’intelligence qui voit, absorbe et se construit en aimant. Ce guide, qui force les enfants à observer, on pourrait le désigner d’une expression dantesque : « l’intelligence de l’amour »*. A cet égard, le goût de l’attention portée aux choses qui l'entourent joue un rôle central. Il inculque la capacité à contempler et à aimer.

Dans une période où cette attention n’a de cesse d’être interrompue, court-circuitée par les écrans, les informations fusant à une allure que même les esprits les plus vifs peinent à appréhender, le retour au silence et au regard apaisé est une richesse pour les tout petits. C’est à la fois un moment de partage avec les parents, hors de la course du quotidien, et un merveilleux apprentissage, celui de la concentration.

Si elle est d’actualité, l’idée n’est pas nouvelle. Dans l’Enfant et la famille, Maria Montessori écrivait déjà « La clé de toute la pédagogie se trouve certainement en ceci : savoir reconnaître les instants précieux de la concentration, pour les utiliser dans l’apprentissage (…) Il ne s’agit donc que de cela : utiliser la force intérieure de l’enfant pour sa propre éducation (…). L’attention a besoin, pour se concentrer, de stimulations progressives. Au début ce sont des objets facilement reconnaissables par les sens ». Ce que l’enfant voit joue un rôle décisif dans sont appréhension du monde, et ce, dès les premières semaines.

Son environnement l’aide à structurer son idée du monde, en même temps que sa vie intérieure. Guidée par un parent attentif et disponible, son appréhension des belles choses est le meilleur chemin vers son épanouissement. Depuis le début du XXe et les écrits de Maria Montessori, la recherche a évolué. Les études savent aujourd’hui montrer quelles images, couleurs et formes sont les plus adaptées aux yeux des touts petits, pour mieux les inviter au plaisir de l’émerveillement.

*Maria Montessori, L’Enfant